mercredi 6 mai 2009

Vendredi 13, Institut Pasteur

Institut Pasteur de la Guyane
Professeur André Spiegel est le directeur de l’Institut Pasteur (IP) de la Guyane nous a présenté cette fondation privée reconnue d’intérêt publique. L’IP de la Guyane s’intègre dans un réseau international des Instituts Pasteur qui regroupe 29 instituts et l’IP de Paris. L’ensemble représente 9000 personnes.









Ce réseau est un atout pour détecter les maladies émergentes. L’IP de la Guyane dépend directement de l’IP à Paris contrairement à d’autres IP plus autonome. Cela fera 69 années de présence en Guyane en décembre 2009. L’Institut Pasteur succède à l’Institut d’hygiène et de bactériologie fondé en mars 1914. L’IP de la Guyane est implanté en centre ville sur un terrain de 2 hectares.
Le but de l’IP de la Guyane est de contribuer à la prévention et au traitement des maladies par des activités de recherches de santé publique et de formation. A 90%, les maladies étudiées (principalement infectieuses) concernent directement la population de la Guyane et de la région amazonienne. A partir des problèmes de santé publique, sont développées des activités de recherches.
L’IP regroupe plusieurs laboratoires de recherche:
-deux laboratoires de virologie :
1) Le Laboratoire VIROL- Centre nationale de références des arbovirus/grippe and flu (grippe aviaire) (CNRA). Un arbovirus est une classe de virus transmis par des arthropodes, c'est-à-dire des animaux possédant des pattes articulés tels que les insectes ou les arachnides principalement. Ceux qui nous intéresse particulièrement en Guyane sont la dengue, la fièvre jaune ou encore la chikungunya.
2) Le laboratoire des interactions virus-hôtes (LIVH) s’occupant plus particulièrement du VIH.
-Un bâtiment de parasitologie comprenant le Centre national de référence de la chimiorésistance du paludisme (résistance aux médicaments anti-malarique), un laboratoire d’immunologie des leishmanioses. La Guyane est une zone de forte résistance d’une part du moustique aux insecticides et du paludisme aux médicaments, ce qui fait que l’on doit être sous silo-prophylaxie type malarone(pour un séjour court) ou doxicicline (pour séjour plus long)
-Une unité d’entomologie Ento. C’est une unité très importante car en Guyane les maladies infectieuses sont à transmission vectorielle c'est-à-dire que l’agent pathogène vivant (parasite, virus ou bactérie) peut se transmettre à l’homme grâce à un vecteur tel que le moustique.
-Une unité d’épidémiologie
-Deux laboratoires d’analyses :
1) Le Laboratoire d’Analyse de Biologie Médicale (LBM) qui fait des examens spécialisés pour diagnostiquer des maladies
2) Le Laboratoire d’Hygiène Environnement (LHE) qui effectue le contrôle sanitaire des eaux et des aliments (microbiologie)
Ces infrastructures sont dédiées aux activités de santé publiques c'est-à-dire directement au profit de la population.
-Un centre de traitement antirabique qui prend en charge les morsures ou griffures animales. Il y a eu un cas humain diagnostiqué en Guyane l’an passé en mai 2008 sur un autochtone, alors qu’aucun cas diagnostiqué en France depuis 1920.
Il y a aussi une animalerie et une ancienne primatologie. Les recherches sur primates servaient à comprendre comment s’acquérait l’immunité au parasite et obtenir finalement un vaccin contre le paludisme. Après avoir enlevé la rate des singes, on injectait le paludisme et on regardait comment ils réagissaient. Mais à l’heure actuelle l’expérimentation sur les primates impose des conditions d’élevage et d’expérimentation tellement réglementées que cela coûte extrêmement cher, ce qui a conduit l’IP a cesser son élevage de singe (sur les 600, 250 ont été envoyés au Brésil dans une immense animalerie, la fondation AMSUD-Pasteur. L’animalerie de souris sert pour les diagnostics et la recherche sur les arbovirus. Cette animalerie est surveillée de près par les services vétérinaires (hygrométrie, température).
Structures du financement : 6 millions d’euros. 1/3 provient des subventions de l’IP à Paris par l’intermédiaire du ministère de la recherche et le reste est récupéré directement par l’IP de la Guyane. La recherche ne débouche pas sur des brevets mais sur des mesures de santé publique donc les activités de recherche ne sont pas sources de financement. Le revenu des activités propres (2,8 millions d’euros) provient des laboratoires d’analyses. Ils ont une troisième source de financement à hauteur de 1,2 millions d’euros issue de collaborations avec d’autres organismes tels que le CNR, le DSDS, Biorad, Sanofi, ou la région Guyane. Par exemple avec le laboratoire pharmaceutique Sanofi, il ont comme projet de recherche de cultiver des molécules développées dans les laboratoires de Sanofi qui pourront potentiellement être des candidats pour la prophylaxie (processus actif ou passif ayant pour but de prévenir l'apparition ou la propagation d'une maladie) du paludisme dans une quinzaine d’années. Sanofi utilise la capacité de l’IP à cultiver les parasites pour tester le pouvoir in-vitro de leurs molécules anti-malariques. Biorad, quant à lui, développe des tests diagnostics de la dengue et ils se servent de la batterie de données de l’IP de la Guyane.
Les grandes activités de recherche sont donc la dengue, l’infection VIH, le paludisme et la leishmaniose principalement et ensuite les autres arboviroses la grippe, l’herpès virus.
La dengue : maladie virale transmise par un moustique nommé Laedes. Il y a quatre types de sérotypes de la dengue, sérotype 1,2,3,4. La Guyane est une zone d’endémie c'est-à-dire que la maladie est là tout le temps par vagues épidémiques, tous les sérotypes circulent en même temps mais un sérotype est majoritaire. Actuellement, il y a deux types de sérotypes principaux : le type 2 qui a émergé en novembre 2005 sur le fleuve Maroni et qui s’est très fortement propagé au début mais qui s’atténue actuellement et le type 1 qui a émergé en mars 2006 sur le fleuve Oyapock et qui est très intense en ce moment. C’est un réel problème de santé publique et tout particulièrement sur le littoral.

Le moustique femelle, pique un homme qui débute la maladie c'est-à-dire que le virus circule dans son sang. Après avoir pris son repas sanguin (un repas sanguin tous les deux jours), il faut qu’il y ait un cycle de multiplication du virus dans l’organisme du moustique. Il peut devenir vecteur de la maladie au bout de 7 à 8 jours lorsqu’il aura à prendre son prochain repas sanguin. Les
Une fois que l’on a eu un des types de dengue, on ne pourra plus l’attraper mais on pourra encore attraper les autres types. La dernière épidémie de type 1 date d’il y a 10 ans. On peut observer un retour de ce type malgré l’immunité acquise par la population contaminée car le taux de natalité est le plus fort de France et il y a une forte rotation de fonctionnaires et de militaires, ce qui recrée une population susceptible de tomber malade. Les examens pour diagnostiquer la dengue n’est pas le même en fonction de la période de la maladie ; soit on va chercher le virus lui-même si la contamination date de moins de 5 jours après le début des signes cliniques de la dengue (isolement et identification sur culture cellulaire (fait par le Centre National de Référence), identification par biologie moléculaire qui consiste à chercher avec des sondes le génome du virus (technique du PTR), détection de l’antigène NS1 developpé par Biorad). Il y a aussi le diagnostic indirect qui consiste à faire la sérologie c'est-à-dire à chercher les anticorps produits par notre organisme.
Il existe un système de surveillance automatisée qui déclare sur un site internet tous les nouveaux cas de dengue de façon presque instantanée. Pour lutter contre la dengue, c’est de la responsabilité du département de faire une désinsectisation. Mais il faudrait lutter plutôt contre les larves et ceci nécessiterait que la population soit plus vigilante par exemple en ne laissant pas de l’eau stagnante dans les coupelles des pots de fleurs. Les campagnes de prévention est sous la responsabilité de l’Etat.
Il y a aussi la transmission verticale c'est-à-dire que la descendance du moustique pourra transmettre le virus. Le moustique a une zone de vol de 100-150 mètres mais ne s’éloignera jamais beaucoup du lieu où le moustique femelle aura pondu ses œufs. Le moustique va piquer un hôte (un animal ou un homme) et c’est lui qui va propager la maladie de part ses déplacements.
Une théorie dit qu’une dengue secondaire est plus grave qu’une dengue primaire. Ce point est très discuté. Mais si l’on prend cela en considération, cela entraine des questions concernant la vaccin qui ne doit pas être seulement pour un sérotype mais pour les quatre en même temps.
Les expressions cliniques de la dengue peuvent être très différentes : certains hôtes vont faire une dengue complètement asymptomatique, d’autres font faire une dengue de forme hémorragique et vont en mourir. Le débat à l’heure actuelle est de savoir si cette variabilité des signes cliniques est liée au virus ou à l’hôte. Collecter les virus en période épidémique et de voir leur évolution soit sur la zone Guyane soit par rapport à un autre foyer tels que la Martinique ou la Guadeloupe (les départements français d’Amérique).
Laboratoire de sécurité P3. Le sang d’un malade est étudié et des mesures sont prises pour détruire l’échantillon totalement après.
Concernant les autres arbovirus, l’une des craintes principales de l’IP de la Guyane c’est de voir se développer une épidémie de chikungunya (alphavirus) car l’Aedes est un vecteur remarquable pour transmettre ce virus. Il y a eu deux cas de chikungunya en Mars 2006 (Matoury, Saint Laurent) et en mai 2006 (Cogneau, Larivot). La première des mesures a été d’investiguer sur le terrain pour voir s’il s’agissait du début d’une épidémie. Finalement, il s’agissait de deux cas d’importation du virus venant de la Réunion. Il a été fait ensuite une pulvérisation draconienne d’insecticide.
Le projet VIRUSES (Virus-Reservoir-Ubanisation, Surveillance de l’Emergence en Amérique du Sud) est un projet tout récent de veille des maladies émergentes telles que la dengue, la rage, les syndromes cardio-pulmonaires à Hantavirus et les fièvres hémorragiques à Arénavirus. On cherche à mieux comprendre pourquoi, quand et comment ces virus sortent de la forêt et infectent l’homme.
Le VIH-1(virus de l’immunodéficience humaine) :
C’est un gros problème de santé publique en Guyane, 1,2% de la population est contaminée. Le taux de découverte de la séropositivité et du SIDA est multiplié par 15 par rapport à la métropole. Mais il y a un biais important car 80% des cas sont des brésiliens qui viennent en Guyane pour se faire soigner.
Etude de la fréquence et de la résistance de ce VIH aux anti rétrovirus (ARV). Lors de la prescription des ARV, on fera un test de résistance de manière systématique.

Le paludisme:
Le Paludisme est un véritable fléau touchant entre 3000 et 5000 par ans. Contrairement à la Dengue, il est issue de l'invasion du corps humain par un parasite. 3 espèces de parasites sévissent actuellement en Guyane: le P.Falciparum (souvent mortel), le P.Vivax (donnant lieu à des paludisme souvent chronique) et le P.malariae (plus rare). Il est transmis à l'homme par la piqure d'un moustique (l'Anophèle femelle dans la plupart des cas). Après la piqûre du moustique, le développement de la maladie suit trois phase:
.Une phase hépatique durant laquelle les sporozoïtes injectés à l'homme par l'insecte se développe (au sein des cellules hépatique) pour devenir schizontes (protozoaires) qui finissent par bourgeonner envoyant ainsi des mérozoïtes infecter les globules rouges du sang du malade. Pour certaines formes de paludisme comme celle provoquée par le P.Vivax, des parasites peuvent survivre dans le fois pendant plusieurs années donnant lieux à des crises chroniques.
.Ainsi commence la phase dite de transfert durant laquelle, le sang de l'hôte est progressivement envahi par le parasite.
.Durant la phase sanguine, les merozoïtes font éclater les globules rouges libérant d'autres merozoïtes pouvant infecter d'autres globules rouges ou bien infecter un moustique qui aurait piqué le malade. Ceci qui provoque fièvre et anémie pouvant aller jusqu'à la mort dans le cas du paludisme neurologique (P.Falciparum). Le parasite ne peu continuer plus loin son cycle de reproduction sans être dans le corps du moustique.
La problématique majeure associée au paludisme est la lutte contre le phénomène de résistance aux médicament due au cycle de reproduction très court du parasite et à la mauvaise utilisation des médicaments.


La leishmanose:
Moins importante, cette maladie parasitaire transmise par les phlébotomes (moucherons) touche environ 500 personnes par ans. Son étude est némanmoins très utile, notament pour la compréhension des phénomènes liés à l'immunologie humaine.

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