vendredi 27 février 2009

Vendredi 20, l'INSEE

Pour notre dernière visite, nous avons été accueillis par monsieur le directeur de l’INSEE de Guyane. Ce dernier nous a exposé avec passion la situation socio-économique de la Guyane bouleversant certaines idées que nous avions jusqu’à présent …
Population
-La croissance démographique particulièrement importante à l’Ouest de a Guyane, phénomène récent mais stable, est au ¾ due au solde naturel ! Ceci contredit une cause souvent évoquée de la forte natalité en Guyane : l’immigration de femmes Surinamaises désirants bénéficier des aides apportées par l’Etat Français aux familles Guyanaises. Nous avons pu ainsi découvrir un cas concret de contradiction entre l’opinion générale et les résultats statistiques …
-Le solde migratoire est du principalement à l’immigration Surinamaise (migration de peuplement), Haïtienne et Brésilienne (migration de travail).
Economie
-Une croissance relativement forte (5.2 % en moyenne sur les 13 dernières années) mais qui ne suffit pas à compenser l’explosion démographique…
-Deux solutions éventuelles pour enrayer le problème : . Diminuer l’inflation très importante en Guyane, phénomène qui atteint des proportions démesurées dans les secteurs de l’énergie, des services et de l’alimentation (les produits de premières nécessités commencent à être touchés).
. Améliorer le niveau de formation (la Guyane détient le record de non scolarisation en France).
-Calcul de l’indice des prix très difficile : . Concurrence quasi inexistante du fait de la très faible taille du marché. .Pas de tarif fixé pour l’importation

-Facteurs négatifs pour l’économie Guyanaise : .problème d’enclavement réel, la côte Guyanaise est trop longue à parcourir du fait de l’inadaptation des infrastructures routière à la réalité Guyanaise (solution possible : construction d’une voie ferrée ?)
. Chômage de longue durée (85% des chômeurs le sont depuis plus d’un an) ce qui entraine une disparité des revenus importante qui conduit à une certaine fragilité sociale (également due à la grande variété des cultures présentes en Guyane).
. L’orpaillage clandestin n’a apparemment pas un impact économique majeur.

-Facteur positif pour l’économie Guyanaise : le CSG (Centre Spatial Guyanais) qui produit 16% du PIB et apporte un dynamisme réel à la région.

Puis nous avons pris notre déjeuner avec des élèves de la classe de PCSI du lycée qui a ouvert cette année et ne compte que 9 élèves. Cette expérience était très enrichissante à la fois pour nous (nous avons réalisés les difficultés supplémentaires liées au passage de ces concours à plus de 7000 km de Paris) et pour les élèves qui peuvent désormais avoir une image concrète de la vie post classes préparatoires.

lundi 16 février 2009

Mercredi 11, mesurons la forêt avec l'Engref - Agro!

Mercredi matin, nous retrouvons Erwan, thésard à l'ENGREF - école de l'Agro - à Kourou, avec qui nous irons en forêt au camp Paracou, ensemble de carbets destinés à héberger des scientifiques amoureux des arbres, comme nous. Tout est prêt : nos hamacs pour la nuit (sieste interdite...), notre glacière pour deux jours (ici c'est qui le chef?), nous sommes prêts à vivre la vie d'un chercheur en forêt et à comprendre ce qui peut pousser un être humain à recenser les 60000 arbres (véridique) de parcelles d'expérimentation.

Trois buts à cette opération à laquelle nous avons apporté notre epsilon-participation:

* Après avoir divisé le terrain en douze parcelles de quatre carrés séparés par des zones tampon et comprenant des zones témoins, il s'agit d'étudier les effets de la coupe sur le renouvellement des arbres - va-t-on retrouver les essences d'origine? En quoi les modifications de luminosité vont-elles influer sur le renouvellement des arbres? Jusqu'où peut-on couper?

* Certaines essences sont plus recherchées ou plus fragiles que d'autres. Celles-ci doivent donc être tout particulièrement surveillées après chaque expérience. Ainsi, il est primordial d'évaluer la biomasse constituées par les Swarzia d'un côté, et les Kimboto de l'autre. Seulement, la mesure habituelle du diamètre - à 1m30 de hauteurn- ne peut pas être effectuée ici, à cause de la forme atypique du bas de leur tronc. On effectue donc ces mesures à 3 hauteurs différentes, et une régression linéaire sur Excel le soir dans le carbet nous donnera une valeur pour le diamètre à 1m30.

* Last but not least, découvrir le point faible de la géostatistique - et d'ailleurs, de toute opération statistique : la mesure. En effet, personne n'est d'accord sur la mesure d'un arbre, à 20m près.


Nous passons l'après midi avec Stéphane, chercheur à l'Engref, et nous sommes rejoints par Pascal, botaniste à Paracou. Nous apprenons à mieux comrpendre la forêt, le recensement des arbres, pourquoi les palmiers "battent des palmes", pourquoi il est difficile - impossible - dévaluer l'âge d'un arbre, comment on peut ne pas voir un serpent, pourquoi les palmiers ont un tronc aussi étrange... La nuit à peine tombée, l'électricité est coupée, conséquence du week-end peu lumineux sur les panneaux solaires qui alimentent le camp. Mais la lueur de la bougie est un éclairage idéal pour les débats jusqu'au bout de la nuit.

jeudi 12 février 2009

Lundi 9 : journée BRGM






Le dossier controversé du moment, en Guyane, est une route qui doit relier Saint Laurent du Maroni, et Apatou, petit village autrefois accessible uniquement par 2 jours de pirogue le long du Maroni. Controversé pour de multiples raisons: économiques, géologiques, éthiques.

Économiques, car personne ne nie qu'il s'agit d'un gouffre financier: entretien insensé compte tenu du terrain dans lequel il est taillé - roches métamorphisées altérées par les eaux. Et que son financement estl'objet de multiples interrogations.

Géologiques, car si le tracé - à 2km près - n'est pas décidé par le BRGM, ils doivent cependant faire face à une situation étrange, à savoir constater avec surprise que cette taille style carrière dans du beurre... tient.

Éthiques enfin, car qui dit que faire venir de gros camions dans cette bourgade du fleuve ne changera pas leur mode de vie? N'augmentera pas la délinquance et les cambriolages, fléau, dit-on, de la Guyane d'aujourd'hui?

Dernière surprise de cette région, la présence de sables blances au dessus de tout le reste, mais à 50m d'altitude et à plusieurs km du front de mer. Un peu de géologie ne rappelle que de bons souvenir, n'est-ce pas? Au coeur du phénomène, on trouve l'Amazone. Mais il faut aussi savoir que sic es sables sont si purs et blancs, c'est parce qu'ils viennent de l'érosion du mika des granits qui est ensuite charrié par le fleuve et lavé. Qu'en déduire? L'Amazone, qui grossit et érode, entraîne un basculement du socle, qui surélève les sables et décale dans l'espace leur dépôt. Voilà pourquoi il y a de la neige en Guyane. Interesting, isn't it?

Cette journée de serait rien sans sa soirée: après une longue et difficile recherche de nourriture - la bons plans de nos chefs étant impraticables - nous nous retrouvons dans le restaurant d'un bowling. Regardez plutôt...

Journée du Mardi 10 février


Après un départ catastrophe en retard mardi matin, nous sommes attendus à la CCI (chambre du commerce et de l'industrie) de Guyane à Cayenne. Au menu, présentation économique puis écologique de la Guyane.

Evidemment, on apprend que ce département est très déficitaire d'un point de vue balance commerciale mais il faut évoquer l'aspect "dual" de l'économie guyanaise.

Sans entrer dans le détail, la Guyane a un aspect paradoxal car elle abrite la base de lancement spatiale, très performante en 2008 et dont le carnet de commande pour le lancement est plein et semble "prospérer".D'un autre côté nous voyons une Guyane exsangue, un chômage situé entre 25 et 30%, une explosion démographique (du côté de l'ouest guyanais notamment), des infrastructures largement insuffisante et surtout le grand scandale de l'orpaillage clandestin... Un sujet complexe sur lequel les optionnaires éco indus devront d'ailleurs plancher !

Le midi, s'en est suivi le dernier repas avec les deux visiteur N. Cheimanoff et O. Bomsel. Par chance, cette fois ci le temps était de la partie (voir photos) et nous avons pu partager des filets de poissons grillés sur un restaurant de bord de plage, et bien sûr faire quelques jeux de plage...

Pour terminer la journée nous nous sommes rendus à un débat public où le thème était l'évolution statutaire de la Guyane. Autrement dit, les élus locaux semblent vouloir passer du statut de département d'outre mer à territoire d'outre mer, ce qui leur conférerait plus de pouvoir au niveau local. Bien sûr, céder du pouvoir à la Guyane ne serait pas gratuit et en contrepartie les subventions de l'état serait moindre, le sujet est très complexe et comme vous vous en doutez, il n'y a pas qu'une opinion possible.  

Ce débat était frappant tant il était évident qu'on incitait les Guyanais à aller dans une direction voulue, ne serait-ce que par l'absence d'idées opposées lors de la présentation. Pendant le débat où plusieurs Guyanais ont pu prendre la parole pour poser des questions, plusieurs sujets ultrasensibles montrent que rien n'est encore joué...

une affaire à suivre !


Dimanche 8: le bagne de Saint Laurent du Maroni.




Dimanche 8: le bagne de Saint Laurent du Maroni.

Quand la métropole a commencé à trouver sales - "grâce" aux descriptions de Victor Hugo - les bagnes de Toulon et de l'île de Ré, ils ont décidé d'envoyer ailleurs leurs "éléments dangereux". C'est ainsi que, de 1852 à 1946, des centaines de bagnards ont vécu l'enfer dans les "établissements" d'outre-mer, en Guyane notamment : Papillon, Dreyfus...

C'est ainsi qu'est né le Camp de la Transportation que nous avons visité. Du camp des relégués - voleurs, délits mineur - au camp des "libérés" - sujets au principe de doublement systématique de la peine, ils "logeaient" au bagne et cherchaient du travail dans la journée, satisfaisant ainsi les aspirations de la métropole à peupler la Guyane - puis au "Blockhaus", banc de béton où étaient menottés côte à côte et boulet au pied les criminels de sang, nous nous mettons dans la peau, tantôt du bagnard, tantôt de ceux qui les condamnaient sans savoir.

Nous découvrons ensuite un autre aspect de la Guyane: la cohabitation entre des populations très différentes, notamment la communauté Hmong, réfugiés de Laos, boat people qui se chargent de la quasi-totalité de l'agriculture en Guyane. À Javouhay, bourgade isolée entièrement Hmong, ils vendent donc le produit de leur travail agricole.

Un petit détour à la plage des Hattes, où les tortues pondent leurs rejetons - avec un taux de survie infime - ne nous laisse entrapercevoir aucune tortue, mais nous fait comprendre pourquoi le tourisme est si peu développé en Guyane: les tour operators préfèrent l'eau turquoise, et le ciel bleu. Mais nous on aime la vraie Guyane, la Guyane authentique. La pluie diluvienne, la chaleur humide et les moustiques voraces ont fait en particulier le bonheur de nos deux invités de marque (attention la réouverture d'un bagne spécial mineur dissident n'est pas à exclure...). Nous avons également eu notre premier contact avec les peuple Guyanais les plus anciens: les amérindiens.

Ce soir là, nous avons découvert les joies de la culture Guyanaise lors de la fête de Carnaval où nous avons entendu les talents guitaristiques de monsieur le Maire de Saint Laurent du Maroni, ministre du tourisme sous le gouvernement Villepin, Léon Bertrand: depuis l'Epiphanie jusqu'au mercredi des Cendres c'est la periode du Carnaval. Marivaux ne ferait pas mieux: les Touloulous pour les femmes et Tololos pour les hommes sont couverts de la tete aux pieds par de magnifiques tissus brodés. Le principe du carnaval est le suivant: lors d'une soirée à thème, la soirée des Touloulous par exemple, les femmes sont déguisées (Touloulous). Méconnaissables, elles choisissent un hommes et l'invitent à danser un zouk local très "caliente". L'homme ne peut refuser et ainsi, des femmes de tous les rangs ou de toutes les origines peuvent danser avec des hommes de tout rang et de toute origine sans être démasquées. Ce carnaval est d'une importance capitale pour cette région où l'équilibre entre les nombreuses minorités qui la compose reste très fragile.

Ne le cachons pas, cela aura aussi été l'occasion pour nous de découvrir la fête à la mode Guyanaise. Un concept à importer, pour sûr.

Samedi 7


Nous avons pris un petit retard, emploi du temps surchargé - et grosses soirées ;) - obligent. Après 4 jours inoubliables en compagnie de guest VIPs - Nicolas Cheimanoff et O.B (Olivier Bomsel pour ceux qui n'ont pas la chance de le connaître intimement comme nous), nous nous familiarisons avec les problématiques bien particulières de la Guyane française.



Samedi 7: direction Saint Laurent du Maroni (Ouest de la Guyane) afin de prendre possession de nos appartements chez les militaires (formidable 8eme RIMA...). Puis, Mr JC Métras nous reçoit à la gendarmerie de Saint Laurent pour un topo passionnant sur la découverte des problèmes liés à l'orpaillage clandestin et au maintient de la sécurité sur un territoire de m avec seulement une cinquantaine de gendarme permanents. Bien sûr, c'est un problème extrêmement vaste, dont nous ne percevrons toutes les composantes - économiques, politiques, sociales, obscures, pratiques, sombres... - qu'au fur et à mesure de nos rencontres ici. Un exemple, en allant dîner le soir avec des personnalités guyanaises, Lucien et Patricia qui nous ont beaucoup appris, nous apercevons, à peine dissimulée dans la nuit, une pirogue qui se charge de bidons de gazoil. Étrange...

À demain pour un rdv saisissant avec le passé "sombre" de la Guyane.

vendredi 6 février 2009

Bien arrivés à Cayenne puis Kourou


Bonjour à toutes et à tous depuis le Gros-Bec, notre accommodation à Kourou!

Après un départ fort en émotion à Paris Orly - qui ne serait pas ému de partager le hall 3 avec le XV de France, ou de faire la queue à l'enregistrement derrière Chabal? - nous avons rejoint Cayenne à 16h heure locale, c'est à dire 4h plus tôt qu'en France.



Climat? Ciel gris/bleu, 28 degrés, 102% d'humidité, personne ne se plaint de retrouver l'été mais nous sommes tout de même soulagés d'allumer la clim dans nos chambres.

Paysage, des champs entiers de fleurs tropicales rouges dont nous chercherons les noms, pas énormément d'agriculture du moins depuis la route - mais où sont les champs de rhum? - et la jungle, entrecoupée seulement par les immenses fleuves boueux, la rivière de Cayenne et la rivière de Kourou.

Rendez-vous demain après notre première nuit sous les tropiques!